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29 octobre 2015 4 29 /10 /octobre /2015 06:27

Sujet d'un atelier :

“ Elle dressait son arbre généalogique, quand tout à coup, elle se trouva perchée sur une branche. ”

En vers, en prose, farfelu, sérieux, humoristique, tragique, etc... comme vous le sentez. Vous pouvez aussi le faire au masculin ou à la première personne.

AU PIED DE MON ARBRE

Elle dressait son arbre généalogique quand, tout à coup, elle se trouva perchée sur une branche, coincée entre le vieil oncle Charles et la tante Jeanne toute rigide dans son corset. Les lèvres de l'oncle s'arrondirent, sa moustache s'enroula autour d'elles, les soulignant de stupéfaction. La tante Jeanne pivota dans son corsage comme la tourelle d'un char d'assaut, décochant du regard une salve réprobatrice sur sa minijupe.

  • D'où sortez-vous, jeune fille ? Et quel est cet accoutrement ?

  • Je ne sais pas, Tante Jeanne, il y a un bug quelque part...

  • Un quoi ?!... Tante Jeanne ? Depuis quand ?

  • Un bug, c'est un dysfonctionnement, et Tante Jeanne c'est depuis environ une centaine d'années.

La moustache de l'oncle Charles remonte lentement à l'horizontale. Un coup d’œil sur les cuisses de sa nièce finit de la tirer définitivement vers le haut, portée par un sourire bienveillant.

  • Une nièce depuis cent ans ! En voilà une affaire !!! Donne-nous quelques précisions, chère enfant.

  • Bien volontiers, mon oncle. Voilà : je faisais mon arbre généalogique et je me suis retrouvée là, entre vous deux. Pour me situer, je suis l'arrière petite-fille de votre frère Marcel.

  • Je me disais bien que tu me rappelais quelqu'un... Cela dit, viens-tu du bas de l'arbre ou bien d'autres te succèdent-ils au-dessous ?

  • Pour l'instant, je suis la dernière, enfin je crois...

Tante Jeanne se radoucit et intervient :

  • Tu as raison de douter. Qu'est-ce que le temps ? Ceux qui viendront après toi sont peut-être déjà là... Si tu es sur une branche, c'est sans doute un de tes descendants qui t'y a mise.

  • Vous voulez dire que je suis morte ? Ce n'est pas possible, je suis, enfin, j'étais bien vivante, chez moi, en train d'écrire vos noms sur cette branche.

  • Ici, vivants, morts, on ne sait plus trop ce que cela veut dire. As-tu remarqué cette contradiction ? Bien que les ancêtres soient les racines du celui qui dresse un arbre généalogique, on les retrouve sur les branches, alors que celui qui en est issu est au pied de l'arbre. N'est-ce pas cocasse ?

  • C'est une façon de voir les choses. Mais ce n'est pas la bonne. La personne qui fait l'arbre généalogique est tout en bas de l'arbre car elle est sa sève ; elle nourrit la mémoire pour garder ses ancêtres vivants dans ce qui la constitue au plus profond d'elle-même.

L'oncle Charles lisse sa moustache, pensif.

  • Une nièce qui a des réponses...Tu as hérité du bon sens de mon frère. Bon, j'ai une idée pour te renvoyer chez toi.

  • Laquelle ?

  • Redescends de l'arbre.

Aussitôt, dit... La jeune fille tâte du pied la branche au-dessous d'elle. Elle rencontre un grognement.

  • Attention, tu écrases la cousine Berthe ! Un peu plus à gauche... Voilà, encore un effort... Noooon, pas par là, c'est la branche pourrie de la famille !!!

Crac !!!

  • Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhh....

Une chute incommensurable, un atterrissage à califourchon sur un jeune rameau et un beau jeune homme.

  • Grand-mère ?!! Mais que fais-tu là ?

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4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 07:32
"Prière" de Bernard Brunstein - http://peinturedebernard.over-blog.com/2015/08/quelques-traits.html

"Prière" de Bernard Brunstein - http://peinturedebernard.over-blog.com/2015/08/quelques-traits.html

FRATER MEUS

Je ne sais te le dire, encore moins te l'écrire

Mais je sais que tu sais.

Que ce lien qui nous lie,

Arrimé à l'Enfance

Déroulé par le sang,

Est accroché au cœur.

Cet Amour fraternel est chose indicible ;

C'est comme une évidence,

Les mots sont inutiles ;

Il fait partie de nous.

C'est un peu de moi-même

Qui coule à travers toi,

Qui fait de toi mon frère.

Si la parole manque,

Les actes ne mentent pas.

Un café partagé, un fou-rire complice,

Le coup de main donné

Dans les difficultés.

Toi, tu es là pour moi,

Moi, je le suis pour toi,

Et même nos querelles

Deviennent Fraternité.

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15 septembre 2015 2 15 /09 /septembre /2015 06:24

Écrit pour "Les Impromptus littéraires", avec la consigne :

 

Votre texte devra débuter par « Tout le monde… » (signalé en gras). Vous développerez alors cette phrase.
Lorsque l’écriture s’arrête, commencer la phrase suivante par « Moi seul… (toujours signalé en gras) » et développez.
Recommencer ensuite sur ces deux anaphores et de la même façon, en mettant en place une alternance, s’apparentant à une litanie.

 

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

 

 

 

UNE HISTOIRE BANALE...

 

Tout le monde m'a dit : elle n'est pas pour toi ;

Moi seul avais compris qu'elle était faite pour moi.

Tout le monde m'a dit : tu t'en mordras les doigts !

Moi seul savais l'aimer, moi, son prince, son roi.

 

Tout le monde m'a dit : c'est ton pognon qu'elle veut ;

Moi seul croyais en elle, travaillais pour nous deux.

Tout le monde m'a dit : elle te rend idiot !

Moi seul le savais bien que ceci était faux.

 

Tout le monde m'a dit : il faut te ressaisir !

Moi seul dans cet amour voyais mon avenir.

Tout le monde m'a dit : ça ne va pas durer...

Moi seul n'ai rien vu v'nir ; un jour elle m'a plaqué.

 

Tout le monde m'a dit : ça y est, elle t'a plumé ?

Moi seul... Sans elle et sans un sou... je suis désespéré.

Tout le monde m'a dit : on est là, tu le sais...

Moi seul... ? Non, avec eux, riche de l'amitié.

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30 août 2015 7 30 /08 /août /2015 05:41

LES P'TITS BONHEURS

 

Les p'tits bonheurs, ça commence au matin par le cliquetis des ongles de la chienne sur le carrelage,

Tic, tic, tic,

Animal en approche, réveil sur pattes ;

Sa tête cherche ma main pour la première caresse,

Tendresse.

 

Puis un café chaud dans le silence,

Le jour qui entre au salon,

La lune, parfois, posée sur une branche

Dans le ciel mauve,

Contemplation.

 

Et la vie qui s'anime, la famille réunie,

Nos fous-rires qui explosent sous le vieux cabanon,

Un petit vin tout frais, des raviolis maison, bref, le bonheur d'être ensemble,

Gaîté d'une chanson.

 

Le départ vers ailleurs, le retour pour ici,

La route ensoleillée, l'odeur des foins coupés,

La balade en montagne, le torrent d'eau glacée,

Les forêts, les grands prés, la Méditerranée,

Liberté.

 

Et le canapé bleu quand vient le crépuscule et les fraîches soirées,

Le livre où l'on s'évade, un film à la télé,

La douce lampe rose,

Cocooning douillet.

 

Une étoile qui s'allume, la nuit qui s'épaissit,

Une planète qui brille, mon télescope la suit,

Mon œil à l'oculaire, plongée dans l'infini,

La conscience en éveil, j'existe, je vis...

Merci.

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21 août 2015 5 21 /08 /août /2015 05:45

Un poème en prose et un fib pour un atelier d'écriture...

 

LE GÂTEAU

 

 

Quand le gâteau gonfle dans le four chaud, que ses arômes parfument la cuisine, le miracle est accompli. À travers la vitre épaisse, il se métamorphose, enfle, emplit l'espace clos du moule. C'est le moment où monte en moi, comme une prière, l'envie de remercier Dieu, la Terre si féconde, les hommes ingénieux depuis l'aube des mondes, je ne sais pas vraiment... sans doute tout cela à la fois. Remercier pour cette cohérence sucrée née du mélange d'éléments disparates ; ils n'ont à première vue rien en commun, liquides, solides, poudreux, glaireux... et pourtant... ils se mêlent et se pénètrent jusqu'à l'homogénéité. Promesse de saveur à la texture craquante, fondante, chimie gourmande faite de lait, d’œufs, de sucre, de farine, parfois de chocolat, les ingrédients du gâteau sont autant de portions d'amour.

 

…......

 

Miam !

Chic !

C'est bon !!!!

Un gâteau,

Le gâteau de Inge,

Dégoulinant de chocolat...

 

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5 août 2015 3 05 /08 /août /2015 21:10
Tableau de Mark Wagner

Tableau de Mark Wagner

Atelier d'écriture :

 

Vous êtes un billet de banque. Parlez-nous de vos émotions, de vos envies, de vos objectifs, de ce qui vous chagrine.

MONEY, MONEY

 

 

J'en suis encore tout tourneboulé. Quelle journée ! Je dormais tranquille depuis pas mal de temps, tapi au fond d'un porte-monnaie quand, vers midi, réveil sans ménagement. Extirpé, que dis-je, arraché de mon antre, défroissé à la va-vite, on m'a jeté sur un comptoir pour payer un pastis. Moi qui espérais illuminer le regard d'un enfant, être troqué pour ce jouet dont il rêve... Je l'imaginais me saisir avec précaution, comme un trésor, me tendre fièrement à la vendeuse et serrer sur son cœur le jouet magnifique, celui pour lequel il avait donné toute sa fortune, en l’occurrence, moi. Voilà une noble mission, voilà qui donne de la valeur à l'argent que je suis.

L'innocence des enfants me touche. J'aimerais devenir la petite souris qui se glisse sous l'oreiller en échange d'une dent de lait, ou bien les étrennes enfoncées dans la poche du manteau par un oncle gâteau, une grand-mère tendre, au matin d'un 1er janvier scintillant de givre. En fait, ce dont j'ai envie, c'est distribuer des bonheurs, comme faire partie d'un premier salaire, être récolté dans une cagnotte pour un cadeau offert par des collègues, aider à effacer la dette de la Grèce, m'impliquer dans la protection des hommes, des animaux, de la planète et même de l'espace, pour une vie lumineuse, être collecté par l'impôt pour servir au bien public, et non pour renflouer une banque imprudente. C'est vrai quoi ! Quand elle tout va bien, elle garde tout pour elle, quand elle est en difficulté, c'est à l'argent public de lui venir en aide. Et c'est pareil pour certaines entreprises. Elles engrangent les bénéfices, les cachent dans des paradis fiscaux, ne participent surtout pas à l'effort commun en payant leurs impôts, mais c'est à l'argent public de refaire les routes que leurs camions abîment, de fournir des subventions quand elles menacent de licencier, et bien d'autres magouilles, j'en suis sûr. Ça, ça me met en colère. Ça donne une image négative de moi, et je n'aime pas ça. Parfois, j'ai honte d'être un billet de banque, j'ai honte de mes frères assoupis dans une banque suisse au lieu de dynamiser la vie du pays. J'ai honte de la démesure, de l'indécence de ceux que l'on a fait riches, de leurs voitures luxueuses, de leur comportement conquérant, suffisant, de leur morgue, de leur dédain, de leur égoïsme. Bien que je préfère encore ceux-là aux autres hypocrites, les évadés fiscaux qui s'achètent une image de généreux donateur en créant une fondation en Afrique ou ailleurs, cette espèce de charité qui oblige à dire merci, qui fait d'eux des maîtres et ôte leur dignité à ceux qui n'ont rien. Qu'ils payent leurs impôts au lieu d'utiliser la misère comme moyen de promotion ! L'argent commun, c'est fait pour ça, pour améliorer le vie de tous. Je déteste quand mon existence sert le pouvoir, la corruption, l'insupportable injustice.

Je m'énerve, je m'énerve, abandonné sur le zinc de ce bar minable. Si je pouvais régler quelque chose de plus reluisant qu'un pastis englouti par un gros moustachu... Quoique pour l'ivrogne, le pastis est sans doute un bien très précieux ; je l'ai rendu heureux un moment, certes, mais j'aimerais me rendre utile d'une manière un peu plus... éthique. Oui, c'est cela, je veux donner du sens, faire de belles choses.

Pour l'instant, aussi loin que remontent mes souvenirs, ce n'est guère le cas : avant le pastis, j'ai acheté des cigarettes, puis je me suis retrouvé dans la rue, j'ai circulé dans les poches de drôles d'oiseaux nichés la nuit dans des coins sombres pour trafics glauques et dangereux. J'en ai vu mourir, une aiguille dans la bras ou une balle dans le front, leur poudre blanche rougie de sang. J'ai été hébergé dans le corsage d'une dame aux hanches rondes et offertes. Allongée sur un lit triste, elle accueillait des hommes sans consistance sur son ventre blanc. Bref, une succession d'aventures froidement marchandes, d'affaires vite conclues, de désespoirs ensevelis au fond des portefeuilles.

Maintenant, en transit sur ce comptoir, je vais sans doute rejoindre d'autres comme moi dans le tiroir-caisse, et demain, je retournerai à la banque, quelqu'un me retirera au distributeur pour m'expédier à nouveau dans le même circuit, dans le même quartier, avec les mêmes gens. J'en ai marre ; j'aspire à de l'air pur, de la joie, du partage. Je ne veux plus que l'on tue pour moi, que l'on opprime des hommes, que l'on maltraite des bêtes, que l'on braconne des animaux sauvages, je veux que cessent toutes les horreurs commises pour me posséder. J'ai le sentiment d'être devenu la finalité ultime, d'avoir remplacé Dieu. On me vénère beaucoup trop. Accordez-moi moins de valeur, laissez-moi devenir juste une monnaie d 'échange plutôt qu'un instrument de pouvoir. Je ne veux plus être sale, propre ou blanchi, je veux être au service du monde, pour une société basée d'abord sur la vie plutôt que sur l'argent, sur le respect, sur un chemin vers la décroissance pour un mieux vivre collectif ; je ne veux plus être le nerf de la guerre mais le rameau de la paix.

C'est fou ce que je peux être grandiloquent quand je me passionne, quelle tirade pompeuse ! L'effet “ pastaga ” sans doute... Les vapeurs d'alcool me montent à la trame...

Le barman, débordé, m'a oublié entre deux verres dans le brouhaha des brèves de comptoirs et des rires gras. Une main furtive s'approche de moi, me saisit, me cache et s'enfuit. Volé ! Me voici billet volé, excitant !! C'est la première fois que cela m'arrive. Un espoir fou crépite dans mes faux plis froissés. Je vais vers ailleurs, c'est sûr. Un voleur ne s'attarde pas sur les lieux de son crime, n'est-ce pas ? Je vais enfin connaître autre chose, enfin j'espère... les ambitions du chapardeur sont peut-être à l'opposé des miennes...

Il marche dans la ville, sa main crispée sur moi. Il s'arrête devant l'entrée d'un immeuble, tape fébrilement un code. Ascenseur, cliquetis dans la serrure, couinement d'une porte qui s'ouvre, cavalcade de petits pieds dans le couloir, une voix d'enfant :

  • Papa, papa, alors, t'as réussi ? T'as trouvé un travail, gagné des sous ?

  • Oui mon ange, j'ai des sous ; on va pouvoir faire une jolie fête pour ton anniversaire...

 

De quoi faire vibrer mon côté fleur bleue et ma fibre utopiste. Mais c'est si bon ! J'en suis encore tout tourneboulé. Quelle journée !

 

 

 

 

 

 

 

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23 juillet 2015 4 23 /07 /juillet /2015 05:16
HYPATIE

Sujet d'un atelier d'écriture :

Vous êtes un(e) homme/femme historique du passé…vous avez eu votre heure de gloire..
Par un miracle de l’Humanité/de la science…vous êtes parachuté(e) a l’époque actuelle, au XXIe siècle.
Quelle est votre réaction ? Développez
Puis :
1) soit vous savez pourquoi vous êtes revenu(e) et précisez vos projets

2) soit vous n’y comprenez rien…et précisez comment vous allez gérer cette « surprise »
Choisir une des deux options… ou pour les plus courageux…développez le point 1) ET 2) !!

 

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

 

HYPATIE

 

 

J'arrive du néant. L'éveil imprègne ma conscience par vagues, marée montante d'une vie oubliée ; mon identité émerge. Je m'appelle Hypatie d'Alexandrie. Je suis née en 370, j'ai... 45 ans ? Mon dernier souvenir remonte à cet âge-là, sur cette place où les chrétiens m'ont lapidée. J'ai perdu connaissance, je crois même que je suis morte ce jour-là, au printemps 415, et pourtant me voici... Où suis-je ?

 

Une pièce claire, austère, un lit bizarre, d'étranges objets avec des lumignons verts, rouges, qui clignotent comme des lucioles. Sur le mur face à moi, une boite dans laquelle se succèdent des images en mouvement ; des personnages, humains en miniature, s'agitent, parlent...

La porte de la chambre s'ouvre ; une jeune femme vêtue de blanc entre, me sourit, m'explique : nous sommes en 2015 dans un d'hôpital. Un lieu pour soigner les malades, précise-t-elle.

 

2015 !? Est-ce un canular ou un complot ? Veut-on me discréditer en insinuant que je suis folle ? Je ne suis pas malade. Ma raison est intacte et je me méfie de l'évêque Cyrille ; il me déteste, il est capable de tout pour me nuire. Mon cœur s'accélère, la machine auprès de mon lit émet un “ bip ” rouge, crache un morceau de papier couvert de sigles que la jeune femme déchiffre.

Ce n'est rien, me dit-elle, juste une petite arythmie...

Elle me regarde, de la compassion brille dans ses yeux ; elle me raconte : lors de fouilles archéologiques – j'ignore tout de cette pratique - ma dépouille, démembrée, ensevelie depuis deux millénaires, a été retrouvée.

 

Explosion dans ma poitrine. C'est donc vrai ; les chrétiens furieux m'ont tuée ce jour-là. Ma mort à coups de pierres ne leur a pas suffit, ils ont continué dans l'horreur jusqu'à me découper en morceaux. Le dégoût monte au bord de mes lèvres, j'ai mal. J'entends encore leurs vociférations haineuses ; elles ont traversé les siècles. Ils ne pouvaient accepter que mes recherches, mon mode de pensée, aillent à l'encontre de leur dogme. J'enseignais la philosophie au Muséum d'Alexandrie, je disais à mes élèves :

“ Toutes religions formelles et dogmatiques sont fallacieuses et ne doivent jamais être acceptées comme absolues par quiconque se respecte. ”

 

Je suis morte au printemps 415 et pourtant me voici... Comment... ?

Le jeune femme perçoit mon désarroi, poursuit son récit : les savants ont effectué des prélèvements minuscules sur ce qui restait de mon corps. Grâce une technologie de pointe par clonage de gènes, de chromosomes - je ne sais pas trop, je ne connais pas ces choses-là - ils m'ont redonné vie dans un corps artificiel.

 

J'encaisse le choc ; mon âme tangue, s'arrime à ce nouveau corps comme un naufragé au rocher d'une île inconnue. Je me cramponne, secouée de sentiments contradictoires, quelques secondes, une éternité, je ne saurais dire... La houle s'apaise, laisse l'écume des émotions me bercer, déposer leur douceur au creux de mon être. Je suis en vie, la joie, l'espérance grandissent en moi, réveillent ma curiosité scientifique. Comment vit-on dans cette époque ? Quelles sont les connaissances acquises depuis 2000 ans ? Mes travaux en mathématiques et en astronomie sont-ils arrivés jusqu'ici ?

Très peu, me répond la jeune femme. La bibliothèque d'Alexandrie a brûlé, tous mes manuscrits sont détruits. Cependant, je suis connue pour être la première à avoir révélé la théorie d'un Système solaire héliocentrique elliptique. Une révélation capitale pour l'astronomie. Les scientifiques d'aujourd'hui me respectent, m'admirent. Il a fallu du temps pour valider cette thèse. Les religieux ont imposé leurs croyances pendant plus de mille ans ; ils ont persisté à placer la Terre au centre des mondes ; ils ont torturé et brûlé ceux qui pensaient différemment.

 

Mille ans d'obscurantisme ! Que de temps perdu pour la connaissance. Je disais souvent à mes élèves :

“ Réservez votre droit de penser parce qu'il est préférable de penser incorrectement que de ne pas penser du tout. ”

 

2015 semble être une époque plus tolérante. J'ai envie de tout savoir. La jeune femme désigne la boîte aux images animées. C'est une télévision, me dit-elle. Ça montre le monde.

Je regarde, j'écoute. Un homme explique que de nouvelles découvertes sont transmises depuis la planète Mars, des images du sol martien accompagnent ses explications. Je suis subjuguée ! Cette époque est fantastique ! Des images de planètes défilent. Ivresse... Je ne les connaissais que sous la forme de minuscules points scintillant dans la nuit. Elles viennent jusqu'à moi à travers l'espace, c'est prodigieux ! Je vais reprendre mes travaux, rencontrer les savants de ce siècle, les érudits et les philosophes. Il y a tant à découvrir, je trépigne.

 

La jeune femme en blanc tempère mon excitation. Il faut d'abord s'assurer de la réussite totale de ma résurrection. Mes “ pères ” scientifiques seront bientôt à mes côtés pour m'initier au monde de 2015.

Les planètes ont disparu. L'homme de la télévision, revient me visiter, l'air lugubre à présent. Il annonce une horrible nouvelle. Un homme a été décapité par des fanatiques religieux. Au nom de Dieu. Ces personnes proclament qu'Il leur ordonne de tuer les Infidèles. Ils recrutent des jeunes, les endoctrinent, les transforment en tueurs.

Mon excitation retombe, je suis effondrée. Rien n'a changé depuis 2000 ans, croyances et vérité se confondent encore...

“ Enseigner des superstitions pour des vérités est la chose la plus terrible. ”

 

Ma décision est prise. Je vais faire ce que j'ai toujours fait, je vais lutter pour éduquer les jeunes de ce temps, leur apprendre à penser plutôt qu'à croire. Je raconterai mon histoire, enseignerai la philosophie, la tolérance partout sur la Terre, par la grâce de la télévision. Comme ce petit colibri voletant dans ma mémoire millénaire, je ferai ma part... Peut-être est-ce là le but de ma résurrection ? Serais-je le nouveau Messie du monde ? Jolie revanche, mes pères scientifiques ne manquent pas d'humour...

 

 

 

 

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1 juillet 2015 3 01 /07 /juillet /2015 17:24
TOURBILLON

 

Après la réincarnation, la vie antérieure

un sujet d'atelier d'écriture avec une contrainte : ne pas utiliser la lettre M

 

 

TOURBILLON

 

 

Vie antérieure, vie antérieure... Deux vocables chuchotés par une voix intérieure... antérieure ? Un souvenir ténu de ce que j'ai dû être... je ne sais pas trop... En tout cas, pas quelqu'un de célèbre, j'en suis sûre ! Plutôt une personne qui a traversé sa vie sans laisser de traces. C'est pour cela que j'ai des difficultés d'introspection. Patience, ça se précise...

 

Voilà : je suis Catarina, non, pas Catarina Segurane, non, Catarina, fille d'Italie, pauvre d'entre les pauvres. Quand j'étais enfant, pour aider les parents à gagner quatre sous, je ne suis pas allée à l'école. Je ne sais ni lire, ni écrire. Je travaille dans les rizières avec d'autres. Des journées entières, l'eau jusqu'aux genoux, pieds nus, le dos plié, noué de fatigue. Pour éviter les piqûres d'insectes, les brûlures d'un soleil trop dur, je cache tête et cou sous un foulard et un chapeau à large bord. Chaleur, labeur pénible, exploitée, peu payée... un jour j'en ai eu assez. Avec les copines, on s'est regroupées en ligue contre les patrons. On s'est battues pour nos droits, pour une vie décente et on a gagné ! C'était en... je ne sais plus. Catarina se fond dans la rizière et déjà un autre visage surgit : celui de Victor.

 

C'est vrai, j'ai été Victor aussi – Oh ! Étonnante cette voix grave, cela surprend... Je vis dans cette ville que l'on dit phocéenne, que j'adore, que je connais par cœur ! Je pensais y rester pour toujours, pourtant je suis parti en 91 - deux ans après la prise de la Bastille de 89, vous vous souvenez ? - j'ai quitté la Provence à l'appel de la Patrie. On était tout un bataillon, avec des fourches, des bâtons. On a investi les Tuileries, capturé le roi. Ce jour-là, j'ai vu naître la République. On chantait ce chant superbe de Rouget de Lisle, le Chant de guerre de... je ne sais plus. D'ailleurs, à force de nous entendre, les Parisiens l'ont rebaptisé la… et Victor disparaît dans un lointain tout flou pour laisser apparaître Guenièvre.

 

Guenièvre ? L'épouse du roi Arthur ? Las, je ne suis point reine, je suis juste la dulcinée d'Antoine, un serf du seigneur de Beuil. On dit que lorsque je suis née, une grande duchesse française, fort érudite, était de passage dans la région. Passionnée par les aventures du roi Arthur, elle a sans doute voulu placer une Guenièvre sur sa route. Faut dire que j'étais orpheline et la nourrice débile n'a pas su répondre à cette question de base : “ Qui est ce joli bébé ? ”

Alors, la duchesse a décrété : “ Ce joli bébé sera Guenièvre ”, puis elle est partie. J'ai grandi, bonne à tout faire au château, et bientôt je serai paysanne avec Antoine. On habitera dans la petite cabane à côté du pré. La noce est prévue dans trois jours... La nuit descend sur la cabane, avale le visage de Guenièvre et le jour se lève aussitôt sur celui d'Antonia.

 

Antonia, drapée dans sa toge antique raconte : j'ai une vie agréable, confortable, auprès de ce riche époux, négociant en huile. Nous possédons une villa sur la colline, entourée d'oliviers. Elle est bien située, rien n'accroche le regard. Il coule sans heurts sur le paysage : d'abord, juste au-dessous de nous, sur la ville, puis sur les vignes, les près, les cultures, et plus bas, au loin, sur le rivage, sur Nikaïa qui accueille les barques des pêcheurs. Ensuite, il ne rencontre que du bleu jusqu'à l'horizon, du bleu partout. Et du soleil. La villa est parfaite pour inviter, conclure des affaires. Nous recevons des personnes de haut rang pour des fêtes privées très prisées. Lyre, cithare, repas raffiné, c'est le festin des sens. Nos esclaves, bien traités, nous sont fidèles ; ils assurent un service sans défaut. Que la vie est douce dans ce beau pays !

Je vais parfois à des spectacles dans l’arène. J'ai une place réservée, je fais partie des notables de la cité. Aujourd'hui, après les gladiateurs, il y aura les chrétiens contre les lions. Plutôt cruel, j'en conviens. Ils le cherchent aussi, avec leur Dieu unique ! Jupiter, Saturne, Vénus et tous les autres n'approuvent pas cette nouvelle religion. J'ai peur qu'ils ne soient très en colère. Et la colère de Jupiter, avec sa foudre et ses éclairs, cause des ravages terribles dans nos oliviers. Alors, pour éviter ce désastre, je vais au spectacle, je regarde les lions dévorer les chrétiens dans l'arène. Pour que Jupiter, Saturne, Vénus et tous les autres continuent à briller au ciel de la nuit.

 

La nuit... La nuit dissout Antonia, ne laisse que les astres. Seule dans le silence, plurielle dans la conscience, je reviens d'un voyage étourdissant. Là-haut, Jupiter, Saturne, Vénus et tous les autres scintillent, et les étoiles balisent les routes perdues...

 

 

 

 

 

 

 

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1 juillet 2015 3 01 /07 /juillet /2015 17:20
ON AVAIT DIT NEUF VIES ?

Réincarnation : un sujet issu d'un atelier d'écriture...

 

 

 

ON AVAIT DIT NEUF VIES ?

 

 

Ce lit à baldaquin vert pomme sera mon lit de mort. Je le sais, je le sens. Ma vie n'est plus qu'un souffle en route vers l'absence. Mon Dieu, ayez pitié de moi. Ré-incarnez-moi, je vous en supplie... Vous acceptez !? Oh, merci Seigneur... Serait-ce abuser de votre divine bonté de vous demander de faire de moi un chat ? Parce que un chat a neuf vies paraît-il. Vues de ma mort imminente, quelques vies supplémentaires me semblent si appréciables.

Je serais un gros matou ronronnant et flegmatique. J'aurais une famille aimante qui m'aurait installé une chatière dans la porte d'entrée. Je pourrais faire autant de balades que je le souhaite. Je partirais, vagabond, sur les toits du village. Car j'habiterais un village, avec plein de ruelles, de tuiles rouges et pentues, de gamelles de croquettes sur le bord des fenêtres. Tout autour, des près, des champs, des forêts. J'aurais le choix pour mes escapades. Fort de mes neuf vies, je pourrais gambader, escalader, sauter, que sais-je... Même si je tombais du clocher de l'église, je saurais qu'il me reste encore huit vies ; et même si je chutais dans le torrent, j'abandonnerais une autre vie, je sortirais mouillé mais vainqueur de l'épreuve. Et j'aurais encore sept vies !

J'irais explorer les caves sombres, traquer les rats embusqués, les souris timides. Juste pour jouer, pour l'adrénaline ! Parfois, il se pourrait que ce soit moi la proie. Il y a beaucoup de chiens dans le village, pas toujours accommodants... Je grimperais au sommet d'un arbre pour les narguer ; ils seraient furieux ! Peut-être que je ne saurais plus redescendre... ? Exercice périlleux. Une autre vie sacrifiée et me voilà sur la terre ferme. Voyons... il m'en reste combien ? Six. Bon, ça va, j'ai de la marge mais par sécurité, je vais quand même rentrer chez moi.

La chatière fait “ flip-flop ”. Me voici dans l'entrée avec des “ mmmroouuu ” de bien-être. Je me frotte contre un meuble de la pointe de ma babine à l'extrémité de ma queue. Bang ! Un parapluie dégringole, me heurte avant de retentir sur le sol. Cette chose malfaisante a failli m'embrocher ! Zut... plus que cinq vies. Va falloir que je sois prudent.

Mon panier, vite... En passant devant la cuisine, une délicieuse odeur de poisson fait frétiller mes moustaches. Comment résister à cet appel gourmet ? Truffe en avant, narines dilatées, je stoppe net devant la poubelle. Gratte, saute, tire, pousse... elle se renverse et me livre une magnifique tête de sardine. Canines affûtées en action... Je me régale quand “ arghhh ”, je m'étouffe. Une arête s'est coincée au fond de ma gueule. Crache, racle, feule, rien n'y fait. Ce tintamarre attire le fils de la maison, mon sauveur ! Ouf ! Je respire... et j'ai perdu une autre vie. Il ne m'en reste que quatre !

Épuisé, démoralisé par ce compte à rebours, j'opte pour une sieste. Panier, ronron, “ mrroouu ”, on est bien là. Léchouille, gratouille, léchouille, gratouille, gratouille, gratouille... Des puces ! Plein le panier ! Et des voraces ; je deviens fou. Je cours comme un dératé dans la maison, je cavale après ma queue, je dérape des pattes arrière, je me tortille, me déhanche, déboule sur trois pattes, comme si ça pouvait m'en débarrasser, comme si le ridicule de ma prestation allait les faire tomber de rire... ! Dans un dernier dérapage, je me cogne sur le coin de la table basse. Sonné ! Raide sur le carreau, une vie de plus... en moins... je n'en ai plus que trois.

Le fils de la maison, encore lui, me plonge dans la baignoire pour un vigoureux shampoing anti-puce. L'eau dégouline sur mon pelage, la mousse pique les yeux, je suffoque ; il va me tuer le bougre ! La douche se déchaîne, je me noie. Une autre vie s'échappe. Enseveli sous une serviette, étrillé, le poil hérissé, je réalise l'horreur de la situation : plus que deux vies !

Je me sauve vers un endroit plus sûr. Dans le couloir, cri strident, roulement assourdissant. Des patins à roulettes surmontés d'une fillette survoltée et surtout maladroite, écrasent le bout de ma queue. Un bond plus tard, le vase de Chine se brise, mes coussinets en emportent quelques morceaux en abandonnant mon avant-dernière vie.

Je n'ai plus droit à l'erreur. Je file vers une tanière sécurisée, le lit de Mémère. Sous le baldaquin vert pomme, Mémère agonise. Je me couche sur sa poitrine tel un Sphinx ; elle expire. Son souffle pénètre ma conscience, me propose une ligne de vie : je serais un gros matou ronronnant et flegmatique...

 

 

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27 juin 2015 6 27 /06 /juin /2015 14:10

 

Issu d'un atelier d'écriture, un texte dans lequel les objets se racontent...

 

 

LA PIPE ET LA GUITARE

 

La nuit se répand dans le château du baron de Segonzac. La pluie crépite sur les tuiles. Dans le CABINET DES CURIOSITÉS, la pénombre s'installe. C'est l'heure à laquelle les objets s'animent. La pipe de Georges Brassens crachote un nuage bleu :

  • Hum, hum... tu es réveillée ?

La guitare d'Elvis Presley frémit de toutes ses cordes.

  • Maintenant oui, chantonne-t-elle.

  • Entends-tu la pluie sur le toit ? Ça me rappelle le jour où j'ai rencontré Georges, soupire la pipe. C'était il y a longtemps, très longtemps. J'attendais dans la vitrine d'un magasin que quelqu'un veuille bien m'adopter. Le temps menaçait. De gros nuages emplissaient tout le ciel. Je les observais quand un pardessus s'interposa entre eux et moi. Surmontant le pardessus, une moustache, un regard fixé sur moi. Au-dessus du regard, un chapeau. Puis le clic de la porte qui s'ouvre, quelques paroles, une main qui me saisit. Georges, car c'était lui, m'examine, me caresse, me porte à sa bouche et m'achète. À peine sorti du magasin, il bourre ma tête de tabac, craque une allumette. En quelques bouffées, la chaleur, la fumée m'envahissent. Nous flânons, heureux, moi pendue à ses lèvres, quand une goutte me frappe, puis une autre, et encore une autre... La pluie nous rattrape, tourbillonne autour de nous ; les gouttes grésillent sur mon foyer, je m'étouffe. Georges tente de me protéger du bord de son chapeau, mais l'eau gicle sur le tabac incandescent. Au moment où j'allais me noyer, un toit providentiel surgit. Une jeune femme magnifique - elle avait quelque chose d'un ange - nous offre un p'tit coin de parapluie. Elle nous accompagne jusque devant la porte de Georges, nous sourit, nous quitte. Il me semble avoir vu alors une larme rouler sur la joue de Georges... à moins que ce ne soit une goutte de pluie... En tout cas, je sais qu'il a fait de cette rencontre une chanson, sauf qu'il s'est donné le beau rôle. Il raconte que c'est lui qui abrite la jeune femme, mais c'est faux ! Je le sais, j'y étais...

La guitare d'Elvis sonne un la de compréhension :

  • Tu sais, Elvis aussi... Écoute ça : il était très jeune et pas encore connu, mais je l'accompagnais déjà partout. Un jour, on a dormi dans une maison qui louait des chambres aux voyageurs. On y est restés quelques temps, on s'y trouvait bien. Le soir, Elvis me sortait de l'étui, me serrait contre lui et grattait mes cordes de ses doigts experts. La musique jaillissait, je lui offrais des sons nouveaux, puissants, pour porter ses textes. Dans cette maison vivait un jeune garçon aux jambes faibles, cerclées d'un appareillage en métal. Il venait nous écouter, il dansait. Il avait un jeu de jambes plutôt cocasse avec son appareillage. Genoux fléchis, pieds écartés, il tricotait un peu de la guibolle, tout en se déhanchant. Hé bien, tu sais quoi ? Elvis s'est inspiré de cette danse, l'a travaillée, et c'est ce qui a fait une partie de son succès, et aussi de son scandale dans l'Amérique puritaine de l'époque !... L'enfant s'appelait Forrest... Forrest Gump je crois... Il me semble même qu'on a fait un film sur lui...

La guitare se tait dans un vibrato nostalgique. Puff, puff... la pipe souffle un souvenir de fumée. Dans le CABINET DES CURIOSITÉS d'autres objets se racontent. Là-bas, la plume de Jules Verne prend des notes...

LA PIPE ET LA GUITARELA PIPE ET LA GUITARE

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