LE 3 OCTOBRE, ON A FÊTÉ LE PREMIER ANNIVERSAIRE DE NOTRE ATELIER D'ÉCRITURE.
C'était à mon tour de l'animer. Je suis partie sur l'idée de faire une lecture sur le thème de la fête, avec des exercices d'écriture et des chants. Pour ce faire, j'ai préparé une rétrospective de quelques textes écrits par certains camarades tout au long de l'année, auxquels j'ai ajouté des poèmes et extraits d'œuvres d'auteurs. J'ai également intégré quelques jeux d'écriture et quelques chansons à chanter tous ensemble.
C'est la fête à l'atelier !!
IL Y A UN ATELIER...
Il y a un atelier d'écriture qui fête sa première année
Il y a Viviane Thebaine Victoria de l'Orient qui l'a créé
Il y a Colette Colerette baroudeuse irlando-hollandaise
Il y a Monique Henora surbookée
Il y a Yza Yerogirl en or
Il y a Inge Susi à la bouteille d'eau
Il y a Jocelyne sans pseudo
Il y a Colette Pastelinette qui l'a adopté
Il y a Joël Naturart au bois flotté
Il y a Gérard Gepetto Ulysse de ces dames
Il y a Gérard Adreamis perché sur un rocher
Il y a Christian Chrisbi paléontologue éminent
Il y a Mado Albiréo d'aqui et de l'espace
Il y a le salon où Viviane nous reçut, animant le premier atelier qui commença par « Il y a.... »
Et l'atelier se poursuivit... Il y eut un mariage célèbre que Colette va nous raconter:
Mon Indiana Jones s'appelle... Tintin. Un Tintin qui a fini par grandir, et même par se tenir tranquille.
Un jour, au château de Moulinsart, Tintin s'est aperçu que le monde féminin ne se limitait pas à la Castafiore et à Irma sa suivante ; pas non plus à la bouchère du village, Madame Sanzot .
Tintin m'a épousée. Je suis journaliste et j'étais venue l'interviewer. Je l'ai écouté raconter l'autre face de ses aventures, c'est à dire la manière réelle dont il avait vécu toutes ses mésaventures. N'oublions pas qu'à la page 9 de chaque album, Tintin manque de mourir...
Il s'est donc confié à moi, et finalement il a avoué avoir envie de se calmer, d'envoyer Haddock en cure de désintoxication pour alcooliques avancés et de laisser Milou enfin se reposer.
Tintin m'a épousée, le croiriez vous ?
Oui, j'aimais en lui ce côté aventurier et il a senti que j'étais celle qu'il lui fallait.
Je lui ai trouvé un coiffeur qui lui a conseillé de laisser pousser un peu ses cheveux et de renoncer à sa houppette. Il ne se rase plus et il est aujourd'hui plus barbu que le capitaine Haddock.
Pour notre mariage, le château était rempli de dessinateurs belges, un chinois était là aussi, quelques congolais, un aviateur toujours borgne et, chance pour nous, la Castafiore était aphone, et causait avec Tournesol qui n'avait pas perdu son sonotone. Ce fut un beau mariage, mais, tout de même, heureusement que mes copines étaient là...
C'était il y a plus de 20 ans. Et, depuis, Tintin n'a plus voulu faire un seul voyage, il a pris 20 kilos, a acheté des Charentaises et lit des BDs à longueur de journée. Par chance, l'ADSL n'est pas encore arrivé au château de Moulinsart...
Vous parliez d'Indiana Jones ? Finalement, j'aurais du le choisir au lieu de mon héros préféré...
De cette union naquit un être extraordinaire et c'est Viviane qui nous en parle :
Colette était sagement installée chez elle, à tricoter ...
Un bruit bizarre et soudain lui fit le ver la tête ...
Était -ce un O.V.N.I. ?
Était ce une soucoupe volante ?
Une lumière verte ...
Ce sont des martiens, peut être ...
Un autre bruit surgit,
accompagné d'une lumière violette ...
Un autre O.V.N.I. ?
qui atterrit dans le jardin ?
Les deux lumières se rapprochent
l'une de l'autre,
se fondent, se confondent
et une fleur blanche jaillit...
Une voix grave parvint à Colette :
-Nous, habitants de Mars et de Vénus,
sommes venus à toi, terrienne,
pour donner le jour à un être nouveau ...
Il sera de Mars et de Vénus ;
mais pour tous, sera ton enfant ...
Neuf mois plus tard ...
Colette se sentit prise de douleurs pelviennes ...
Ça y est, j'accouche ...
vite, la valise, cour ons à l'hôpital, vite ...
C'était il y a vingt ans ;
le jour où Colette enfanta
d'une petite extra-terrestre métis ...
Un atelier en joie où l'on fête l'amour ! Verlaine l'a bien compris. Le voici qui s'invite avec ses « Fêtes galantes... »
SUR L'HERBE
L'abbé divague. - Et toi, marquis,
Tu mets de travers ta perruque.
- Ce vieux vin de Chypre est exquis
Moins, Camargo, que votre nuque.
- Ma flamme... - Do, mi, sol, la, si,
L'abbé, ta noirceur se dévoile!
- Que je meure, mesdames, si
Je ne vous décroche une étoile!
- Je voudrais être petit chien!
- Embrassons nos bergères, l'une
Après l'autre. - Messieurs, eh bien?
- Do, mi, sol. - Hé! bonsoir la Lune !
Un atelier parfois coquin, visité par quelque Vénus callipyge, inspirant à Viviane un abécédaire flamboyant !
Allons, cher Yonathan,
Beau ténébreux et vaillant
Chevalier au cœur tendre et blessé,
Déposez sur mon épaule, un baiser ;
Et sur mes fesses frémissantes,
Folâtrez de vos mains ardentes,
Gaiement ou comme il vous plaît …
Hâtez, vous, mon aimé,
Inutile d’aller à confesse,
Jouons fesse contre fesse.
Kama –sutra vous lirai ;
Languissante je suis, chevalier …
Montrez-moi vos talents,
Noyez-moi sous vos baisers …
Oh oui et vos caresses, mon âme,
Peuvent glisser sur ma peau
Qui vous réclame.
Revenez … plus bas…, plus haut…
Suivez le chemin de mon intimité,
Trouvez le trésor caché ;
Unissons nos doux élans,
Voluptueusement, tendrement ;
Walkyrie, je deviens sage,
Xylophage, je deviens telle
Ygréne, la douce reine si belle,
Zen, et sereine …
« Le récit de la fête est à moitié la fête . » dit un proverbe tadjik.
En trois lignes, fais un texte sur le sujet, en vers ou en prose..............
Et l'atelier se poursuivit au fil des saisons. Le printemps arriva, les haïkus du 1er mai aussi :
Premier mai fleuri,
Les rues célèbrent ta fête...
- des chants et des cris.
Les drapeaux rouges flottent
Le cortège chante dans le rue
L'espoir de demain.
« La fête continue » … avec Prévert...
Debout devant le zinc
Sur le coup de dix heures
Un grand plombier zingueur
Habillé en dimanche et pourtant c’est lundi
Chante pour lui tout seul
Chante que c’est jeudi
Qu’il n’ira pas en classe
Que la guerre est fini
Et le travail aussi
Que la vie est si belle
Et les filles si jolies
Et titubant devant le zinc
Mais guidé par son fil à plomb
Il s’arrête pile devant le patron
Trois paysans passeront et vous paieront
Puis disparaît dans le soleil
Sans régler les consommations
Disparaît dans le soleil tout en continuant sa chanson.
Elle se poursuit avec cet haïku sur la fête, que tu vas faire............................................
Attiré par le talent de ce salon littéraire prestigieux, Baudelaire s'invita avec un extrait de texte en prose, intitulé : « Le vieux saltimbanque »
Partout s’étalait, se répandait, s'ébaudissait le peuple en vacances. C’était une de ces solennités sur lesquelles, pendant un long temps, comptent les saltimbanques, les faiseurs de tours, les montreurs d’animaux et les boutiquiers ambulants, pour compenser les mauvais temps de l’année.
En ces jours-là il me semble que le peuple oublie tout, la douleur et le travail ; il devient pareil aux enfants. Pour les petits c’est un jour de congé, c’est l’horreur de l’école renvoyée à vingt-quatre heures. Pour les grands c’est un armistice conclu avec les puissances malfaisantes de la vie, un répit dans la contention et la lutte universelles.
-L’homme du monde lui-même et l’homme occupé de travaux spirituels échappent difficilement à l’influence de ce jubilé populaire. Ilsabsorbent, sans le vouloir, leur part de cette atmosphère d’insouciance. Pour moi, je ne manque jamais, en vrai Parisien, de passer la revue de toutes les baraques qui se pavanent à ces époques solennelles.
Elles se faisaient, en vérité, une concurrence formidable : elles piaillaient, beuglaient, hurlaient. C’était un mélange de cris, de détonations de cuivre et d’explosions de fusées. Les queues-rouges et les Jocrisses convulsaient les traits de leurs visages basanés, racornis par le vent, la pluie et le soleil ; ils lançaient avec l’aplomb des comédiens sûrs de leurs effets, des bons mots et des plaisanteries d’un comique solide et lourd comme celui de Molière. Les Hercules, fiers de l’énormité de leurs membres, sans front et sans crâne, comme les orangs-outans, se prélassaient majestueusement sous les maillots lavés la veille pour la circonstance. Les danseuses, belles comme des fées ou des princesses, sautaient et cabriolaient sous le feu des lanternes qui remplissaient leurs jupes d’étincelles.
Tout n’était que lumière, poussière, cris, joie, tumulte ; les uns dépensaient, les autres gagnaient, les uns et les autres également joyeux. Les enfants se suspendaient aux jupes de leurs mères pour obtenir quelque bâton de sucre, ou montaient sur les épaules de leurs pères pour mieux voir un escamoteur éblouissant comme un dieu. Et partout circulait, dominant tous les parfums, une odeur de friture qui était comme l’encens de cette fête.
Jacques Prévert n'est pas en reste ! Le voici qui surgit, déclamant : « Fête foraine »
Heureux comme la truite remontant le torrent
Heureux le cœur du monde
Sur son jet d’eau de sang
Heureux le limonaire
Hurlant dans la poussière
De sa voix de citron
Un refrain populaire
Sans rime ni raison
Heureux les amoureux
Sur les montagnes russes
Heureuse la fille rousse
Sur son cheval blanc
Heureux le garçon brun
Qui l’attend en souriant
Heureux cet homme en deuil
Debout dans sa nacelle
Heureuse la grosse dame
Avec son cerf-volant
Heureux le vieil idiot
Qui fracasse la vaisselle
Heureux dans son carrosse
Un tout petit enfant
Malheureux les conscrits
Devant le stand de tir
Visant le cœur du monde
Visant leur propre cœur
Visant le cœur du monde
En éclatant de rire.
Ce qui fait dire à Francis Blanche :
« Fêtes nationales ?... Fêtes religieuses ?... Le peuple n'est pas toujours tellement regardant, quant à l'origine de ses joies. Pourvu qu'il s'amuse, il n'en demande pas davantage. »
À l'atelier, on s'amuse en écrivant. Aux beaux jours de l'été, l'acrostiche bucolique nous chatouilla. Viviane le publia...
B utinons dans les bois,
U ne biche nous y attend ;
C ourons derrière elle ;
O sons la suivre ...
L oin, elle nous entraînera ;
I rons nous dans un château abandonné
Q ue la Belle aura quitté ?
U n homme l'aura enlevée,
E tranger ou extra-terrestre .
Aujourd'hui, jour de fête à l'atelier, fais un acrostiche la fête ............
À l'atelier, nous écrivons... même des lettres... dont une, signée par Viviane, qui vient du passé...
Je t'écris de cette étrange contrée où je me trouve aujourd'hui ...
Nous avons descendu le fleuve du Temps
sur un vieux bateau
et nous sommes arrivés dans un Moyen Age lointain.
Il y avait une foire,
des objets merveilleux ,des objets colorés,
Les forains les visiteurs et visiteuses
étaient brillamment vêtus ;
ils aimaient porter des chapeaux extraordinaires ;
au milieu de la grand place, il y a un arbre
avec un pendu attaché par un pied
et qui jongle avec des pièces.
Étrange humanité !
Mais est ce l'humanité ...ou un monde parallèle ?
Ces êtres se ressemblent tous ...
Un monde bien étrange, en effet ! Il s'en passe des choses bizarres dans ce salon ! Il y eut même un animal en bois flotté, venu du fond des âges...
Le pipier de Cogolin a trouvé sur la plage un bois flotté superbe. Il l'amena à son atelier pour en faire une pipe originale.
Il attaqua le bois avec ses outils, mais le bois résista. Une résistance inhabituelle! Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il utilisait ces morceaux ramassés au bord de mer. Mais là, non! Le bois manifestait une volonté intraitable, refusant de devenir une vulgaire pipe qui noircirait à la fumée.
Le fabricant sentait sa main qui ne lui obéissait plus. Les outils façonnaient l'objet, indépendants. Le bois savait ce qu'il voulait!
Doucement, la forme d'un animal fantastique émergea. Le bois racontait une histoire: l'histoire de sa vie, de sa mort, de sa nouvelle existence. Il voulait devenir la sculpture de la bête qui avait cassé la branche d'où il était issu.
Et la bête se matérialisa sous la main du pipier. Un animal étrange, un dragon venu du fond des âges...
Ceci attira les sorciers et sorcières du « Festin dai Magou » chanté par Georges Delrieu, un auteur niçois...
Une fois l'an et le vendredi
Gnomes boiteux, sorciers bossus
Se regroupent de l'aîné au cadet,
Près d'un chaudron qui semble un puits.
Chacun se lève, s'accroupit
Toute la nuit jusqu'au matin.
Fantômes, dragons, sorcières, petites sorcières
Ne font que cela. C'est le festin !
C'est nous les rabat-joie,
Vous ne savez pas ce que nous touillons ?
C'est une cuisson de raviolis
Dans une sauce, que nous tournaillons !
Un bon repas, c'est la fête ! Surtout si on l'accompagne d'un petit verre de vin. Il y eut une lecture sur le sujet : « AU JARDIN DE BACCHUS »,
… Bacchus tendit une coupe aux deux hommes, qu'une jeune fille remplit de vin. Ils le dégustèrent à petites gorgées, savourant la pureté de ce nectar des dieux. Abû-Nuwâs s'écria:
« Elle verse un vin pur, du bec de l'aiguière et l'on
est ébloui - ce qui donne sommeil.
Ce vin, plus pur que l'eau, ce vin est sans pareil:
l'eau qui craint le mélange, évite de lui plaire.
Mais si l'on mélangeait le vin à la lumière
le résultat serait lumière sur lumière. »...
Un texte lumineux qui donne envie de chanter du Graeme Allwright... tous ensemble !
Jolie bouteille, sacrée bouteille
Veux-tu me laisser tranquille ?
Je veux te quitter, je veux m'en aller
Je veux recommencer ma vie...
À l'atelier, après un petit verre, nous devenons philosophes ! Nous avons ainsi disserté sur une citation de Chaplin, « La simplicité est une complexité résolue », qui a inspiré Viviane...
De la simplicité avant toute chose
Et pour cela préfère la rose.
Tout est dans le point de vue ;
Et la complexité est résolue ;
Prenons de la distance
Et tout se résout avec élégance ;
Notre complexe Terre
Vue de Jupiter ,
Est une île dans l'espace ;
Remettons les choses à leur place,
Revenons à la simplicité
Et à l'humilité.
Avec son regard d'enfant,
Chaplin voyait tout simplement ...
… et nous avons cogité sur « On ne sait plus si le monde a empiré ou si l'on a tout simplement vieilli »,de Robert Musil, que Christian a traité de façon impériale !
Ah ! Le bon temps de l'Homo Sapiens ! Monsieur Oumff Néanderthal, seul survivant d'une famille de 18 enfants, a froid parce qu'une bourrasque vient de souffler le feu. Il se lève, enfile sa peau de tigre aux dents de sabre, recouche le petit dernier qui voulait l'imiter, d'un coup de massue, sort de l'abri et part à la chasse, pendant que Madame va dans les bois humides à la recherche de quelques branchages pour rallumer le feu. Il reviendra (ou pas) avec une antilope et quelques baies cueillies ça et là, pour le dessert. A vingt-cinq ans, s'il vit encore, il sera vieux et dirigera ses successeurs à coups de pieds et de "d'mon temps, c'était quand-même autre-chose !!!" Dans sa vie, il en a connu, des catastrophes : grippes meurtrières ; guerres de clans ; famines de sécheresse ; il a tué, beaucoup ; il a vu mourir les siens... Et il est toujours là. Le paradis ? Il ne connaît pas, personnene lui en a 0jamais parlé. Mais il pense, car IL PENSE, oui, que c'est ce qu'il vit quotidiennement, parce que... Parce que c'est beau, la vie, tout simplement.
30 000 ans plus tard, Monsieur et Madame De Derthal, âgés respectivement de 75 et 78 ans, sont en colère. Madame a raté les soldes. Monsieur sa partie de bridge. Ça empire de jour en jour. Ça va de plus en plus mal dans ce pays. Comme ils sont malheureux ! Cette vie est décidément trop dure. Vivement la mort !
Ah ! Oui ! Pour se creuser les méninges, nous ne sommes pas les derniers ! D'ailleurs, voici venir un petit exercice :
Un petit texte pour l'anniversaire de l'atelier qui commence par « Ah ! Le mercredi soir chez Viviane... » et se termine par « … la douce clarté de la lune. » .....
Et, puisque c'est la fête, tout finit en chansons. L'atelier d'écriture s'est ré-approprié La Marseillaise. En voici deux versions joyeuses. La première est de Colette, la seconde de Viviane.
Nous allons les chanter tous en chœur.
Allons Enfants de notre France
Des jours meilleurs arriveront
Contre nous toute adversité
Loin de nous toute atrocité (bis)
Écoutons bien chanter le coq
Sachons mettre au pot nos poulets
Henri, Louis et même Napo
Seraient fiers qu’on soit de vrais français
Amis, à vos fourchettes
Levez bien haut vos verres
Soyez soyez, des gastronomes
C’est ça, être français.
…....
Allons, allons, enfants de France,
Enfants de Bretagne et Provence,
Enfants des montagnes et plaines,
Des bords du Paillon et de la Seine,
Prenons la poudre d’escampette,
Loin du bruit des trompettes.
Célébrons la Vie et l’Amour.
Ensembles ,festoyons tous les jours.
Festoyons, les amis, et trinquons pour l'anniversaire de notre atelier !!
Et comme le dit si bien Frédéric Dard :
« Mon Dieu, que votre volonté soit fête ! »
Albiréo