SUJET DE L'ATELIER :
Le regard plongé dans la boisson que vous êtes en train de déguster, vous avez soudain l’impression qu un lutin vous parle et vous raconte l’histoire de cette boisson. Une histoire venant des temps anciens, survolant les continents et dévoilant mille arômes et parfums, sans compter les effets, bénéfiques ou pas.
Choisissez quelle boisson vous souhaitez déguster, et laissez-vous porter par ce que vous raconte votre lutin particulier, puis retranscrivez nous tout ça.
Oh j’oubliais : depuis quelques temps tous les lutins ont l’interdiction formelle d’utiliser la lettre M. Alors votre plume aussi..
Quelques bulles claires sur un liquide brun et je plonge dans l’insondable. Boisson couleur de terre chaude aux effluves noisette… je vagabonde…
Soudain, dans ses volutes fines apparaît le génie de la tasse, le lutin du café. Un lutin à la peau dorée tel un grain torréfié.
Il s’appelle K’hawah, ce qui, paraît-il, signifie revigorant en arabe, il délivre la légende :
– Vois-tu, dit-il, avant de déguster ce café, écoute cette histoire. Il était une fois un berger dont les chèvres étaient excitées après avoir grignoté les feuilles et les fruits d'un arbuste. Le berger a apporté une branche de l'arbuste à un prêtre qui prépara une boisson à partir des graines recueillies. Étonné par l'effet exaltant du liquide, le prêtre attribua la paternité de cette boisson à une divinité.
Ou peut-être, c’est cette histoire-ci qui est la vraie : le prêtre, après avoir observé l'agitation des chèvres qui avalaient des baies, aurait eu l'idée de faire bouillir les grains afin d'obtenir une potion qui l'aiderait à rester éveillé les nuits de prières…
Choisis la version qui te plaît..
Un instant de silence se distend au-dessus de la tasse, puis le lutin continue en souriant dans l’odeur apaisante du café chaud :
– Tu sais, le café raconte l’histoire de la Terre ; il a traversé la Préhistoire où il a laissé quelques traces en Éthiopie, voyagé avec les pèlerins et les sultans, sauté d’un continent à l’autre, d’un océan à l’autre, pour devenir le p’tit noir français, convivial et fédérateur, que l’on partage à la terrasse... d’un café !
De l’esclavage ignoble au négoce équitable, il s’élève aujourd’hui dans l’éthique. Entends son chant de plaines vertes, de coteaux boisés, avec le soleil et la pluie qui dansent aux flûtes andines, à l’accordéon du tango, au Carnaval de Rio.
Je rêve en l’écoutant, envolée dans un délire à l’odeur de bois, de jute, de périples à fond de cale, de navires aventureux, de déserts arides, de villes aux fragrances d’encens, d’oranges, de santal, d’épices, de vallées plantées de caféiers, de Brésil, de Pérou, d’Afrique, d’Asie.
Café revigorant, réconfortant avec ses senteurs délicieuses de vanille, praline, tartine grillée. C’est l’odeur rituelle, quotidienne, tribale, l’odeur du foyer que je tiens entre les doigts. Il est l’éveil à l’aube, la veille de la nuit, la pause de la fatigue, la conclusion d’un repas, le plaisir en partage.
Les yeux rivés sur son opaque profondeur, je laisse venir l’exhalaison si particulière, quelque chose d’un peu rude, brûlé, large, rond, puissant, tonique. Une gorgée sur la langue ensoleille papilles et cœur, le feu s’active, l’essor s’étire, je suis bien. La douce âpreté persiste en bouche, le lutin du café actionne neurones engourdis et corps à l’abandon. Le jour, l’énergie pointent avec le Soleil et l’envie de la vie.
– Effet garanti ! Le café du point du jour poursuit la grande boucle, dit le gentil lutin. Tu es continuité de la ronde.
– Tu ne crois pas si bien dire, lui réponds-je. Connais-tu la suite de l’histoire ? Issu des terres tropicales, le café retourne aux terres niçoises avec ses sacs de jute pour protéger le sol et ses résidus post torréfaction, les rouleaux de pellicule, pour le nourrir. A présent, oui, la boucle est bouclée... au pied de l’olivier, dans la jardin, juste à côté… Regarde partout dans le potager...
Le lutin s’évapore pour aller vérifier… J’ai un peu divagué… En attendant, qui veut du café ?