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30 août 2020 7 30 /08 /août /2020 05:55

SUJET DE L'ATELIER :

Le regard plongé dans la boisson que vous êtes en train de déguster, vous avez soudain l’impression qu un lutin vous parle et vous raconte l’histoire de cette boisson. Une histoire venant des temps anciens, survolant les continents et dévoilant mille arômes et parfums, sans compter les effets, bénéfiques ou pas.
Choisissez quelle boisson vous souhaitez déguster, et laissez-vous porter par ce que vous raconte votre lutin particulier, puis retranscrivez nous tout ça.
Oh j’oubliais : depuis quelques temps tous les lutins ont l’interdiction formelle d’utiliser la lettre M. Alors votre plume aussi..

Edward Hopper's Coffee

Edward Hopper's Coffee

Quelques bulles claires sur un liquide brun et je plonge dans l’insondable. Boisson couleur de terre chaude aux effluves noisette… je vagabonde…

Soudain, dans ses volutes fines apparaît le génie de la tasse, le lutin du café. Un lutin à la peau dorée tel un grain torréfié.

Il s’appelle K’hawah, ce qui, paraît-il, signifie revigorant en arabe, il délivre la légende :

Vois-tu, dit-il, avant de déguster ce café, écoute cette histoire. Il était une fois un berger dont les chèvres étaient excitées après avoir grignoté les feuilles et les fruits d'un arbuste. Le berger a apporté une branche de l'arbuste à un prêtre qui prépara une boisson à partir des graines recueillies. Étonné par l'effet exaltant du liquide, le prêtre attribua la paternité de cette boisson à une divinité.

Ou peut-être, c’est cette histoire-ci qui est la vraie : le prêtre, après avoir observé l'agitation des chèvres qui avalaient des baies, aurait eu l'idée de faire bouillir les grains afin d'obtenir une potion qui l'aiderait à rester éveillé les nuits de prières…

Choisis la version qui te plaît..

 

Un instant de silence se distend au-dessus de la tasse, puis le lutin continue en souriant dans l’odeur apaisante du café chaud :

Tu sais, le café raconte l’histoire de la Terre ; il a traversé la Préhistoire où il a laissé quelques traces en Éthiopie, voyagé avec les pèlerins et les sultans, sauté d’un continent à l’autre, d’un océan à l’autre, pour devenir le p’tit noir français, convivial et fédérateur, que l’on partage à la terrasse... d’un café !

De l’esclavage ignoble au négoce équitable, il s’élève aujourd’hui dans l’éthique. Entends son chant de plaines vertes, de coteaux boisés, avec le soleil et la pluie qui dansent aux flûtes andines, à l’accordéon du tango, au Carnaval de Rio.

 

Je rêve en l’écoutant, envolée dans un délire à l’odeur de bois, de jute, de périples à fond de cale, de navires aventureux, de déserts arides, de villes aux fragrances d’encens, d’oranges, de santal, d’épices, de vallées plantées de caféiers, de Brésil, de Pérou, d’Afrique, d’Asie.

Café revigorant, réconfortant avec ses senteurs délicieuses de vanille, praline, tartine grillée. C’est l’odeur rituelle, quotidienne, tribale, l’odeur du foyer que je tiens entre les doigts. Il est l’éveil à l’aube, la veille de la nuit, la pause de la fatigue, la conclusion d’un repas, le plaisir en partage.

 

Les yeux rivés sur son opaque profondeur, je laisse venir l’exhalaison si particulière, quelque chose d’un peu rude, brûlé, large, rond, puissant, tonique. Une gorgée sur la langue ensoleille papilles et cœur, le feu s’active, l’essor s’étire, je suis bien. La douce âpreté persiste en bouche, le lutin du café actionne neurones engourdis et corps à l’abandon. Le jour, l’énergie pointent avec le Soleil et l’envie de la vie.

 

Effet garanti ! Le café du point du jour poursuit la grande boucle, dit le gentil lutin. Tu es continuité de la ronde.

Tu ne crois pas si bien dire, lui réponds-je. Connais-tu la suite de l’histoire ? Issu des terres tropicales, le café retourne aux terres niçoises avec ses sacs de jute pour protéger le sol et ses résidus post torréfaction, les rouleaux de pellicule, pour le nourrir. A présent, oui, la boucle est bouclée... au pied de l’olivier, dans la jardin, juste à côté… Regarde partout dans le potager...

 

Le lutin s’évapore pour aller vérifier… J’ai un peu divagué… En attendant, qui veut du café ?

 

 

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9 août 2020 7 09 /08 /août /2020 06:21

SUJET DE L'ATELIER :

Un dimanche à la campagne …
Vécu ou imaginé,
En France ou ailleurs,
En 2020 ou dans un passée, ou un avenir, plus ou moins lointain.

UNE JOURNÉE À ROQUESTERON

UNE JOURNÉE À ROQUESTERON

 

Un dimanche d'août chauffé de soleil blanc, de ciel bleu implacable, la vieille maison d’Hélène nous accueille. Discrète, elle se cache au fond d'une cour sombre, quelque part dans le village de Roquesteron. Derrière ses murs épais, la cuisine emprisonne la fraîcheur, la restitue en bien-être. Une porte fenêtre s'ouvre sur la petite terrasse ombragée de vigne-framboise. L'odeur sucrée du raisin trop mûr chatouille la langue tandis que regard se perd sur les montagnes rondes habillées de forêts.

 

Dans la fenêtre

la forêt rejoint la vigne –

Miam ! La grappe mûre.

 

Dans le silence, juste les voix de mes amies qui s'affairent au repas, le bruit des assiettes que l’on sort du placard, le tintement des couverts, le bourdonnement d'un insecte. Quelques bruissements crépitent dans les feuilles de la vigne. La chaleur assoupit le monde, la douce tranquillité restaure la vie. Sur la terrasse, le soleil s'infiltre à travers les feuillages. La table rouge, la chaise de paille et ma petite chienne tentent de lui échapper.

 

L'ombre de la vigne

danse sur la table rouge –

Quiétude d'été.

 

Midi nous réunit pour un déjeuner au champagne. Échanges, partages, rires, amitié nous rassasient autant que la pissaladière d’Hélène, le gratin de Véro, les fruits et la tourte de blettes. Nourries jusqu'au fond de l'âme, nous prolongeons la béatitude par une sieste somptueuse. Dans la chambre aux murs blancs, les persiennes entrouvertes strient les rayons de soleil ; la pénombre claire distille une sérénité heureuse.

 

Contre le mur blanc,

sobre, le grand lit sombre –

Douceur de la sieste.

 

L'après-midi, c'est la rivière turquoise qui nous invite à partager son lit. L'eau froide coule, bienfaisante, sur le pelage de ma chienne, sur les pieds de Véro, d'Hélène ; elle court sur les pierres, entre les rochers. Là, une laune profonde ; les maillots de bain sortent des sacs pour la baignade. Le froid mord les chevilles, le ventre se contracte, une grande respiration... immersion ! Détente immédiate dans le courant vif, plaisir de nager en compagnie de mes belles amies et mon adorable toutou.

 

Dans la rivière,

petits remous bondissants –

Nos pieds et pattes mouillés.

 

L'après-midi s'étire, les maillots sèchent sur nos corps rafraîchis. Conversation de tout et de rien, assises toutes les trois sur les rochers blancs… un moment de bonheur discret, si ténu qu’il effleure à peine la conscience pour s’enfouir aussitôt au doux de la mémoire…

Et puis, imperceptiblement, le soleil tiédit. Il faut partir. Il flotte comme un regret sur l'Estéron limpide. La rivière le charrie dans ses remous, le noie dans le regard de la chienne Lucy…

 

L'eau de la rivière

emporte les souvenirs –

Lucy les regarde.

 

UNE JOURNÉE À ROQUESTERON

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18 juillet 2020 6 18 /07 /juillet /2020 04:57

SUJET DE L'ATELIER :

 

LETTRE D UNE CRÉATURE A SON CRÉATEUR

La créature est un personnage de roman, ou un personnage d’une œuvre d’art.

Le créateur est l’artiste, écrivain, peintre ou sculpteur.

Ce peut être une lettre de remerciement, ou un reproche,

Ou encore une demande de changement :

Changement d’aventure ou de personnalité.

Meisje met de parel ou La Jeune Fille à la perle de Johannes Vermeer

Meisje met de parel ou La Jeune Fille à la perle de Johannes Vermeer

Cher Johannes Vermeer,

 

J’ai perdu mon identité. Je suis figée depuis si longtemps dans ce tableau, avec mon turban bleu et ma perle éclatante, que j’ai oublié mon nom.

On m’appelle juste La Jeune Fille à la perle.

 

Certains disent que je suis votre fille aînée, d’autres, votre fille cadette, d’autres encore, l’une de vos servantes… Nul ne le sait en fait. Même plus moi ! Il ne me reste que cette pose à l’italienne, le visage tourné sur l’épaule, mon regard qui vous scrute et la question muette sur mes lèvres entrouvertes :

Qui suis-je ?

Puisque cette question restera à jamais sans réponse, je m’autoproclame votre fille aînée !

 

Et donc, mon cher créateur à tous les sens du terme, je m’autorise dès à présent à te tutoyer – pratique en vogue au XXIe siècle d’où je t’écris cette lettre – et à t’appeler papa.

Tout ça pour te dire, petit papa chéri très grand peintre, que je me trouve vraiment belle sur ce portrait. Tu aurais pu être un grand photographe portraitiste ! C’est vrai, tu ne connais pas les photos. Moi, si ! On m’a tiré le portrait plein de fois, une vraie star !! Rien à envier aux reines du cinéma ! C’est vrai, tu ne connaîs pas non plus le cinéma… Mais tu connais les livres. Sais-tu qu’un roman inspiré par moi a été écrit à la fin du XXe siècle ? Et de ce livre est né un film. Je suis devenue une héroïne littéraire et une actrice !

Finalement, d’avoir perdu mon identité ajoute un mystère propice à l’imagination… J’adore !! Tu as bien fait de créer cette énigme...

 

Grâce à toi, je suis célèbre, éternellement jeune et belle, douce et fraîche, avec mon regard lumineux, ma bouche innocente. Alors, si je t’écris aujourd’hui, c’est pour te remercier de m’avoir donné la vie. La vie réelle dans notre belle ville de Delft au XVIIe siècle, la vie éternelle sur la toile – celle du peintre et celle d’internet, encore une technologie du temps présent – et, par le truchement d’autres artistes, la vie imaginaire dans un roman et un film. Je peux donc dire que j’ai vraiment bien réussi mes vies !

 

Immobile dans mon éternité, je pose maintenant ma plume imaginée pour te rejoindre là où tout a commencé, dans le tableau La Jeune Fille à la perle.

 

Merci Johannes Vermeer.

 

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20 mai 2020 3 20 /05 /mai /2020 05:43
DERRIÈRE LES PERSIENNES

Vu de ma fenêtre, les persiennes vertes, à peine entrouvertes

Et le jour naissant qui passe à travers.

Je sais la rue, en bas, le store de la boulangerie couine,

Je sais l’odeur des croissants chauds qui, peut-être, viendront jusqu’à moi…

 

Sans ouvrir la fenêtre, je sais déjà les gens ;

Il y a cette mère qui accompagne ses enfants,

L’école n’est pas loin, ça braille au bout de la rue,

Ça réveille le quartier, ces gosses et leur boucan..

 

Et puis, y a ces quidams, les pressés, les stressés, les énervés

Les piétons, les trottinettes, les voitures et leurs klaxons ;

Lucy sur son vélo, son sac en bandoulière,

Sans ouvrir la fenêtre, je sais déjà tout ça.

 

Sans ouvrir la fenêtre, je peux imaginer la rue

Comme un jardin aux fleurs de Paradis,

Les abeilles, les oiseaux, les papillons, les fruits,

Le parfum du jasmin par-dessus le diesel..

 

Sans ouvrir la fenêtre, mon rêve peut advenir,

Franchir les persiennes closes pour habiter ma vie, ma rue, ma chambre.

Derrière les volets, je mets ce qui me plaît, une autre réalité,

Celle qu’est dans ma tête, et ça, personne ne peut me l’enlever

Tant que je n’ouvre pas la fenêtre.

 

Sans ouvrir la fenêtre, je peux même voir la mer,

Le soleil sur les vagues, l’écume et les poissons,

Je peux voir les bateaux, leurs voiles blanches, au loin,

Et le port où le vent chante avec les marins.

 

Et puis, si j’ai envie, je peux voir la montagne.

Tiens, voilà un chamois, là-haut, sur le sommet.

Sans ouvrir la fenêtre, je peux tout décider,

Mais…

 

Le bruit de la rue, un gros camion qui passe,

Et Ludo qui gueule : ‘‘Hé, Manu, ! Tu descends ?’’

Pulvérisent le rêve…

Derrière les persiennes aux airs pourtant champêtres

Y a la ville qui bouge, y a la vie, y a les gens.

Alors j’ouvre la fenêtre pour crier :

‘‘Oui, Ludo, je descends !’’.

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11 avril 2019 4 11 /04 /avril /2019 11:41
Libre - Bernard Brunstein - http://peinturedebernard.over-blog.com/2015/07/les-chevaux.html

Libre - Bernard Brunstein - http://peinturedebernard.over-blog.com/2015/07/les-chevaux.html

Du fait d'activités diverses et d'autres sites et blogs à gérer, celui-ci, mon premier, reste en pause pour l'instant.

 

Mes textes sont soit sur le lien d'un atelier que j'anime :

Soit sur celui d'un atelier privé entre copains et copines que chacun d'entre nous anime à tour de rôle :

Et la page Facebook :

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31 octobre 2018 3 31 /10 /octobre /2018 05:46

SUJET DU DERNIER ATELIER :

Racontez-nous votre Prince Charmant : qu’il soit celui de votre enfance, de votre conte préféré, de votre vie ou de vos rêves !

***

 

Il était une fois un Prince Charmant extrêmement hétéroclite. Il savait prendre diverses apparences.

 

Un jour de ma jeunesse, il était grand, brun, à la peau sombre, un indien au corps parfait. Il dansait avec Carolyn Carlson. Je n’ai vu que lui pendant tout le spectacle ! J’ai oublié son nom mais pas sa beauté, ni sa grâce. Emportée par la puissance de son interprétation, envolée par la musique qui le portait si haut, si loin dans la féerie, je l’ai aimé comme on aime un prince, un rêve, un imaginaire idéal. Le temps d’un ballet et mon prince s’est échappé...

 

Il revint plus tard sous une autre forme ; je le rencontrais dans un roman. Un merveilleux commissaire lunaire et poétique, aux faiblesses trivialement humaines, à la générosité magnifique. Un petit bonhomme des Pyrénées, rocailleux et sublime crée par Fred Vargas : le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Il a partagé ma vie au fil des aventures et des bouquins, puis s’est réfugié, en compagnie du beau danseur indien, dans un coin de ma mémoire rejoindre le Prince Charmant de mon enfance.

 

Celui-ci était un prince courageux, tout pétri de grands sentiments et noble Chevalerie : Thierry-la-Fronde. Le grand, le seul, l’unique, magnifique dans son petit collant moulant ! Le héros de mes dix ans ! Un être parfait. Zéro défaut ! Il apparaissait en noir et blanc dans le vieux poste de télé, se moquait des méchants, aimait son Isabelle à laquelle je m’identifiais pleinement.

 

Quelques chanteurs et autres acteurs ont traversé mon adolescence et mon cœur, l’accélérant parfois par le charme de leur voix, de leur sourire… mais méritent-ils le titre de Prince Charmant ? Pas sûr !

 

D’ailleurs, qui est-il ce Prince Charmant ? Un idéal d’amour ? Un prétexte pour se sentir princesse et s’imaginer être la plus belle, la plus aimée ? Une construction mentale pour inculquer aux femmes, dès l’enfance, passivité, attente et soumission qui font d’elles des quémandeuses d’amour ?

Le Prince Charmant est une forme déguisée d’asservissement de la femme à l’homme. Ne nous laissons pas éblouir, ni avilir ! Plutôt qu’un ‘‘charmant’’, je préfère un solide, fiable, bien ancré dans la vie. Un vrai compagnon, un vrai père pour ma charmante princesse et mon petit prince… charmant.

 

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5 septembre 2018 3 05 /09 /septembre /2018 11:12
Automne sur la seine à argenteuil, 1873 de Claude Monet

Automne sur la seine à argenteuil, 1873 de Claude Monet

Au soir du doux septembre, dans une fauteuil douillet,

Blottie dans la quiétude du salon de Viviane,

Je vois l’automne roux entrelacer ses lianes,

Et parer d’or nos mots, nos textes et nos cahiers.

 

Dehors, la nuit s’étale sous la lune rouillée

Et la lumière fond dans une ombre diaphane ;

Les voix de mes amies traversent les arcanes

De ce moment précieux à mon âme dépouillée.

 

L’ocre saison flamboie dans sa marche superbe,

Sous ses pas vivifiants crissent les blondes herbes

Pour annoncer l’éveil du cœur et de l’esprit.

 

Dans la chaleur féconde de nos soirs d’écriture,

Notre amitié joyeuse, tendue vers la culture,

Poétise en sonnet sur l’automne surpris.

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3 septembre 2018 1 03 /09 /septembre /2018 05:49
L’ÉTÉ TRANQUILLE

Heureux le bel été sous l’or et les paillettes

Qui brûle son soleil sur les peaux mordorées,

Scintille en blanc et bleu sur la mer étoilée

Et trinque à l’apéro dans un goût d’anisette.

 

Quand les chaleurs épaisses dans les moiteurs s’entêtent,

L’ombrage rafraîchi d’un vigoureux figuier

S’étale en parasol sous son parfum sucré

Berçant la douce sieste de son ombre violette.

 

Le chant dru des grillons grince dans le silence,

Dans un rai de lumière les poussières balancent

Et les persiennes closes strient le mur et le sol.

 

Au bris de la routine les heures s’harmonisent,

La vie au ralenti oscille, s’immobilise.

Par ma sérénité, le temps suspend son vol.

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19 juillet 2017 3 19 /07 /juillet /2017 06:20

Sujet d'atelier d'écriture :

Si le Soleil a rendez-vous avec la Lune ♪♬… ce soir, Jupiter a rendez-vous avec la Vierge. Comment cela va-t-il se passer ? Inventez une aventure de plus à rajouter à la mythologie, en prose, en vers, ou en chanson.

MÉPRISE

Quand Jupiter reçoit la requête de la Vierge,

Il en reste ébahi à l’orée de la nuit ;

L’effrontée lui demande de venir sur la berge

De l’horizon sud-ouest, ce soir, avant minuit.

 

Nul besoin de muer en Taureau ou en Cygne,

Pense le dieu des dieux encore tout étonné,

Le monde a bien changé ; aujourd’hui ce sont filles

Qui viennent me chercher pour avoir mes baisers !

 

Et Jupiter s’en va vers la jolie coquine,

Sa Tache rouge en émoi et ses lunes en bouquet ;

Me voici, belle enfant, tout mon amour chemine

Depuis l’aube des mondes pour se mettre à vos pieds.

 

Vous êtes bien galant, votr’ courtoisie m’honore,

Mais vous n’êtes pas du tout l’homme que j’attendais !

Il est jeune, il est beau, pour tout dire, je l’adore,

Vous n’êtes pas Jupiter, retournez d’où vous v’nez !

 

Qui est cet impudent qui usurpe mon nom ?

Tonne le dieu des dieux au sidéral courroux.

C’est le roi des Français, il s’appelle Macron,

Murmure lune Europe en tombant à genoux.

 

Où est ce freluquet, cet éphémère humain ?

Je pourrais sans effort me glisser sous ses traits

Et séduire la Vierge, mais... Brigitte veille au grain !

La Vierge restera vierge au soir du bel été !

 

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2 juin 2017 5 02 /06 /juin /2017 06:50

Suite du texte précédant LE RÔLE DE MA VIE et du sujet d'atelier suivant :

En lien avec le sujet de la dernière fois...
Le festival de Cannes est fini... Vous repartez avec un prix... ou pas... Vous êtes contente ou soulagée...
Par contre, vous ramenez dans vos bagages un "indésirable" (fan envahissant, amant éconduit et inconsolable, migrant égaré, etc... au choix)
Que se passe-t-il ? Comment gérez-vous la chose ?

 

***

Picasso - Buste de femme

Picasso - Buste de femme

Le Festival de Cannes se termine. J’ai adoré être une star sur le tapis rouge, grand moment de reconnaissance, aboutissement de toute une vie d’effort et puis, cette belle émotion… Étienne, surgi du passé. Je suis contente pour lui. Le film que je représentais est tiré d’un de ses romans ; il a obtenu le Prix du scénario, mais son actrice, c’est-à-dire moi, que dalle. Comment rivaliser avec la Kruger, aussi ? Elle est flamboyante !

 

Aujourd’hui fini le Festival ; c’est le départ. Étienne est déjà retourné à ses bouquins depuis longtemps. Il a une famille, des chiens et des chats, le tout dans une maison quelque part vers Vence. Si j’ai rêvé un instant, très vite, j’ai bien compris que je ne fais plus partie de son monde, qu’il s’est juste servi de notre histoire et de ma vie pour écrire son best-seller. Ça me laisse un goût un peu… d’inachevé, quelque chose comme un regret peut-être… Je ne sais pas trop. C’est juste là, sous la surface, un truc qui serre un peu du côté du cœur.

 

Le taxi arrive. Je n’ai pas le temps de m’y installer que l’on m’interpelle. Une femme de mon âge, l’air gêné, me demande :

Puis-je profiter de votre taxi ? Je dois me rendre à Nice, je n’ai pas beaucoup d’argent…

Dans ses yeux, comme une supplique… je fais la généreuse, c’est si facile...

Montez madame.

 

Elle attend que nous soyons sur l’autoroute pour me dire :

Tu ne me reconnais pas ?

Je la regarde, intriguée.

Chantal. Cavalaire 77. J’étais en vacances avec mon fiancé, Étienne, quand tu as débarqué sur la plage en bikini et tu es repartie en emportant Étienne. Tout ça pour quoi ? Pour le laisser tomber deux ans plus tard. Et moi pendant ce temps, j’ai failli crever de chagrin, j’ai tout loupé et aujourd’hui, je suis grave dans la merde et c’est de ta faute alors, tu dois m’aider. Je m’installe chez toi.

 

Allons bon, voilà autre chose ! J’ai bien fait de venir à Cannes, moi ! Tout mon passé qui me saute dessus sans prévenir. Elle m’a bien eue la Chantal avec ses airs de pauvresse.

Écoute Chantal, c’est de l’histoire ancienne ça ! Et puis, c’était un coup de foudre mutuel entre Étienne et moi. Comment veux-tu résister à ça, à vingt ans ? Quant à ta vie, si tu l’as loupée, ce n’est pas de ma faute, tout de même !

Si, c’est de ta faute ! De toute façon, j’ai plus un rond, plus d’amis, pas d’amour, alors, je m’incruste.

Comment ça tu t’incrustes ? Que veux-tu exactement ? Je peux de donner un peu d’argent pour te dépanner si tu veux...

Je ne veux pas de ton pognon, je veux la vie que tu mènes, je veux vivre chez toi, aller dans les dîners parisiens, fréquenter les gens du cinéma, je veux que tu me présentes aux metteurs en scène, je veux devenir actrice. Je veux ta vie.

 

Je la détaille pendant qu’elle parle et je me rends compte qu’elle frise la folie. Son regard est traversé de lueurs inquiétantes, sa bouche se tord parfois dans un grimace haineuse, elle serre les poings. Je crois que ce qu’elle veut surtout, c’est me détruire. Elle s’énerve d’un coup :

Ah, ah ! Tu m’observes… Tu es en train de chercher comment te débarrasser de moi hein ? N’essaie même pas. J’y suis, j’y reste. Je sais où tu habites, madame l’actrice, c’est écrit dans les magazines people. Alors si tu veux m’embrouiller en me racontant que c’est trop petit, trop loin, trop je ne sais quoi, ça ne prendra pas !

Je serai toujours là à te surveiller si tu me refuses ta maison, et je ferai de ta vie un enfer.

 

Sa tirade finit dans l’aigu. Elle me ferait presque peur cette idiote. Je vais la jouer « cinéma » :

Mauvaise réplique, tu joues mal, tes menaces sont de piteux clichés. Je ferai de ta vie un enfer ! Quelle phrase à la con ! Tu te rends compte de ton imbécile grandiloquence ? Tu es ridicule. Ce n’est pas comme ça que tu deviendras actrice.

 

Oups ! Ça n’a pas eu l’effet escompté. Elle me fixe, furibarde. J’ai l’impression qu’elle a envie de me tuer. Comment désamorcer l’affaire ? Je prends ma voix la plus neutre :

Tu comprends, ce genre de choses, on l’a entendu mille fois, ce sont des répliques de mauvais films, des clichés, comme on dit. Si tu veux devenir actrice, il vaut mieux éviter les clichés… à part ceux des photographes, bien sûr, rajoute-je avec un clin d’œil que se veut amical et plein d’humour.

Elle se détend un peu, me dit :

Je suis heureuse de voir que tu as compris que tu n’as pas le choix. Désormais, tu me donneras tous tes rôles. Sinon, je raconte à Gala ce que tu faisais sur la plage de Cavalaire en 77, comment tu as détruit mon couple.

La violence à nouveau sur ses traits. La rage enfle.

Ça, ça n’y était pas dans le film. Il ne s’en est pas vanté Étienne, ce salaud ! Son tour viendra aussi, je lui ferai payer, rajoute-t-elle la voix rauque comme un feulement.

 

Mon Dieu ! Elle a ruminé toutes ces années jusqu’à en devenir obsessionnelle. Elle est folle, c’est sûr, et dangereuse, je crois. Elle peut basculer et passer à l’acte n’importe quand. Vaut mieux que j’entre dans son délire :

Je vais à l’aéroport, je prends l’avion pour Paris. Je suppose que tu n’as pas de billet ?

Non, mais tu vas m’en offrir un, bien sûr !

Bien sûr… Je vais le réserver tout de suite sinon on risque de rater le vol.

 

Mon smartphone, mes contacts, mon vieux médecin de famille :

 

De moi au docteur, à Nice :

Suis dans un taxi avec une folle.Danger.

Envoyer ambulance avec psy à l’aéroport.

Arrivons dans 10 minutes. HELP !

 

C’est bien long cette commande, se méfie Chantal, qu’est-ce que tu racontes ?

C’est leur truc compliqué : ils veulent tout savoir. Rappelle-moi ton nom et date de naissance.

 

De moi au docteur, à Nice :

Chantal Latchan, née le 31 mai 1957

 

Oh, mais c’est ton anniv aujourd’hui ! Bon anniversaire Chantal ! Soixante ans, ça se fête ! Tiens, je t’offre cette bague, dis-je en retirant l’anneau d’argent qui orne mon annulaire. C’est une bague qui vient de Hongrie. Ah, mon téléphone vibre, c’est sans doute la confirmation pour ton billet d’avion..

 

Du docteur à moi :

Suis à l’aéroport avec ambulance devant arrêt taxi.

 

Toute à la contemplation du bijou, elle n’a remarqué mon soupir de soulagement. Le taxi bifurque, se gare devant le terminal.

A peine sommes-nous descendues de l’auto que mon gentil médecin est devant moi. A partir de là, tout va très vite : Chantal comprend ce qui se passe, tire de son sac un canif, attaque le bon docteur, est maîtrisée illico par deux ambulanciers costauds, embarquée, attachée, calmée par une injection qui la plonge dans le sommeil.

 

Je suis secouée. Le médecin est indemne, Dieu merci ! Je culpabilise un peu… C’est à cause de moi qu’elle est gaga ? Je raconte en deux mots toute l’histoire.

Tu n’y es pour rien, me rassure mon vieux docteur, je te tiendrai au courant de son état, file et prends soin de toi.

 

Prendre soin de moi… C’est ce que je décide de faire aussitôt. Cela m’apparaît comme un évidence. J’arrête le cinéma, je prends ma retraite, je vends tout et je reviens m’installer à Nice dans une maison avec des chiens et des chats. Je vais me lancer dans l’écriture, loin des paillettes et surtout, dans l’anonymat.

Pour vivre heureux, vivons cachés, sera ma devise.

Pour commencer, je vais m’inscrire à cet atelier d’écriture trouvé sur le net : l’Atelier des Mots et Merveilles, je crois… Et je raconterai mon histoire parce que ma vie, c’est du cinéma !

***

L'atelier des Mots et Merveilles, c'est ici :

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