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29 octobre 2015 4 29 /10 /octobre /2015 06:27

Sujet d'un atelier :

“ Elle dressait son arbre généalogique, quand tout à coup, elle se trouva perchée sur une branche. ”

En vers, en prose, farfelu, sérieux, humoristique, tragique, etc... comme vous le sentez. Vous pouvez aussi le faire au masculin ou à la première personne.

AU PIED DE MON ARBRE

Elle dressait son arbre généalogique quand, tout à coup, elle se trouva perchée sur une branche, coincée entre le vieil oncle Charles et la tante Jeanne toute rigide dans son corset. Les lèvres de l'oncle s'arrondirent, sa moustache s'enroula autour d'elles, les soulignant de stupéfaction. La tante Jeanne pivota dans son corsage comme la tourelle d'un char d'assaut, décochant du regard une salve réprobatrice sur sa minijupe.

  • D'où sortez-vous, jeune fille ? Et quel est cet accoutrement ?

  • Je ne sais pas, Tante Jeanne, il y a un bug quelque part...

  • Un quoi ?!... Tante Jeanne ? Depuis quand ?

  • Un bug, c'est un dysfonctionnement, et Tante Jeanne c'est depuis environ une centaine d'années.

La moustache de l'oncle Charles remonte lentement à l'horizontale. Un coup d’œil sur les cuisses de sa nièce finit de la tirer définitivement vers le haut, portée par un sourire bienveillant.

  • Une nièce depuis cent ans ! En voilà une affaire !!! Donne-nous quelques précisions, chère enfant.

  • Bien volontiers, mon oncle. Voilà : je faisais mon arbre généalogique et je me suis retrouvée là, entre vous deux. Pour me situer, je suis l'arrière petite-fille de votre frère Marcel.

  • Je me disais bien que tu me rappelais quelqu'un... Cela dit, viens-tu du bas de l'arbre ou bien d'autres te succèdent-ils au-dessous ?

  • Pour l'instant, je suis la dernière, enfin je crois...

Tante Jeanne se radoucit et intervient :

  • Tu as raison de douter. Qu'est-ce que le temps ? Ceux qui viendront après toi sont peut-être déjà là... Si tu es sur une branche, c'est sans doute un de tes descendants qui t'y a mise.

  • Vous voulez dire que je suis morte ? Ce n'est pas possible, je suis, enfin, j'étais bien vivante, chez moi, en train d'écrire vos noms sur cette branche.

  • Ici, vivants, morts, on ne sait plus trop ce que cela veut dire. As-tu remarqué cette contradiction ? Bien que les ancêtres soient les racines du celui qui dresse un arbre généalogique, on les retrouve sur les branches, alors que celui qui en est issu est au pied de l'arbre. N'est-ce pas cocasse ?

  • C'est une façon de voir les choses. Mais ce n'est pas la bonne. La personne qui fait l'arbre généalogique est tout en bas de l'arbre car elle est sa sève ; elle nourrit la mémoire pour garder ses ancêtres vivants dans ce qui la constitue au plus profond d'elle-même.

L'oncle Charles lisse sa moustache, pensif.

  • Une nièce qui a des réponses...Tu as hérité du bon sens de mon frère. Bon, j'ai une idée pour te renvoyer chez toi.

  • Laquelle ?

  • Redescends de l'arbre.

Aussitôt, dit... La jeune fille tâte du pied la branche au-dessous d'elle. Elle rencontre un grognement.

  • Attention, tu écrases la cousine Berthe ! Un peu plus à gauche... Voilà, encore un effort... Noooon, pas par là, c'est la branche pourrie de la famille !!!

Crac !!!

  • Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhh....

Une chute incommensurable, un atterrissage à califourchon sur un jeune rameau et un beau jeune homme.

  • Grand-mère ?!! Mais que fais-tu là ?

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