SUJET DE L'ATELIER :
Un dimanche à la campagne …
Vécu ou imaginé,
En France ou ailleurs,
En 2020 ou dans un passée, ou un avenir, plus ou moins lointain.
UNE JOURNÉE À ROQUESTERON
Un dimanche d'août chauffé de soleil blanc, de ciel bleu implacable, la vieille maison d’Hélène nous accueille. Discrète, elle se cache au fond d'une cour sombre, quelque part dans le village de Roquesteron. Derrière ses murs épais, la cuisine emprisonne la fraîcheur, la restitue en bien-être. Une porte fenêtre s'ouvre sur la petite terrasse ombragée de vigne-framboise. L'odeur sucrée du raisin trop mûr chatouille la langue tandis que regard se perd sur les montagnes rondes habillées de forêts.
Dans la fenêtre
la forêt rejoint la vigne –
Miam ! La grappe mûre.
Dans le silence, juste les voix de mes amies qui s'affairent au repas, le bruit des assiettes que l’on sort du placard, le tintement des couverts, le bourdonnement d'un insecte. Quelques bruissements crépitent dans les feuilles de la vigne. La chaleur assoupit le monde, la douce tranquillité restaure la vie. Sur la terrasse, le soleil s'infiltre à travers les feuillages. La table rouge, la chaise de paille et ma petite chienne tentent de lui échapper.
L'ombre de la vigne
danse sur la table rouge –
Quiétude d'été.
Midi nous réunit pour un déjeuner au champagne. Échanges, partages, rires, amitié nous rassasient autant que la pissaladière d’Hélène, le gratin de Véro, les fruits et la tourte de blettes. Nourries jusqu'au fond de l'âme, nous prolongeons la béatitude par une sieste somptueuse. Dans la chambre aux murs blancs, les persiennes entrouvertes strient les rayons de soleil ; la pénombre claire distille une sérénité heureuse.
Contre le mur blanc,
sobre, le grand lit sombre –
Douceur de la sieste.
L'après-midi, c'est la rivière turquoise qui nous invite à partager son lit. L'eau froide coule, bienfaisante, sur le pelage de ma chienne, sur les pieds de Véro, d'Hélène ; elle court sur les pierres, entre les rochers. Là, une laune profonde ; les maillots de bain sortent des sacs pour la baignade. Le froid mord les chevilles, le ventre se contracte, une grande respiration... immersion ! Détente immédiate dans le courant vif, plaisir de nager en compagnie de mes belles amies et mon adorable toutou.
Dans la rivière,
petits remous bondissants –
Nos pieds et pattes mouillés.
L'après-midi s'étire, les maillots sèchent sur nos corps rafraîchis. Conversation de tout et de rien, assises toutes les trois sur les rochers blancs… un moment de bonheur discret, si ténu qu’il effleure à peine la conscience pour s’enfouir aussitôt au doux de la mémoire…
Et puis, imperceptiblement, le soleil tiédit. Il faut partir. Il flotte comme un regret sur l'Estéron limpide. La rivière le charrie dans ses remous, le noie dans le regard de la chienne Lucy…
L'eau de la rivière
emporte les souvenirs –
Lucy les regarde.