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6 avril 2016 3 06 /04 /avril /2016 05:32

Atelier d'écriture :

le récit d'un voyage réel ou imaginaire, dans un pays qui existe ou pas, dans le passé, le présent ou le futur, mais sur terre. donc ni sur la lune, ni sur mars, ni encore plus loin.

Quand je suis arrivée à New York, ce 22 mars 2011 après-midi, il pleuvait. Un ciel bas déroulait ses nuages au-dessus d'un paysage autoroutier brumeux. Le taxi filait vers Manhattan au milieu d'autres taxis, comme autant d'éclats de couleur dans la grisaille, bolides jaune soleil lancés vers la ville. Sans prévenir, la cité s'est dressée, fantasmagorique. Le brouillard noyait le haut des gratte-ciel, descendait le long des murs, gommant les angles. Brouillard mouvant, vivant, estompant et modifiant les contours des rues selon son bon vouloir. Émotion esthétique sublime. Quelque chose de nostalgique et de romantique à la fois. New York féerique aux ombres englouties dans une nuée grise…

Blottie dans une bulle claire, je contemplai la ville à travers le hublot d'une machine zigzagant dans les méandres d'un mystérieux labyrinthe. Le taxi a croisé Times Square ; des falaises d'immeubles floues barraient la route, cernaient les rues profondes comme des canyons. Verticalité imposante, plus haute que le ciel… comme un vertige à l'envers… J'ai savouré chaque instant de cet état entre deux mondes, ces moments suspendus où le voyage est déplacement, où les choses se dévoilent sans se donner, où je suis encore spectatrice, protégée par l'habitacle et la vitesse qui laissent la vie se figer à l'extérieur.

La voiture s'est arrêtée devant le Chelsea Star Hôtel, 300 W 30th St, 8th Ave. Le bâtiment ne paie pas de mine, mais l'accueil est des plus sympathiques ! Le jeune homme qui me reçoit parle français, m'explique tout un tas de choses utiles à savoir. Il est vraiment serviable. Un escalier très propre me mène au 4ème étage. Ma chambre ou plutôt mon appartement, est accueillant avec sa petite cuisine bien équipée. Style année 30, spacieux et confortable. Je suis ravie, j'explore, j'hume, je m’approprie l'espace.

Dans un coin de la pièce, une porte de secours, surmontée d'un gros « EXIT » en lettres lumineuses rouges - comme dans un film, j'adoooore !!! - s'ouvre sur un balcon métallique. Des escaliers-échelles typiques de New York – comme dans un film aussi, youpeeeeeee - dégringolent jusque dans une petite cour où s'éparpillent des tables de jardin et quelques pots de fleurs. Devant moi, des immeubles enchevêtrés, de cinq ou six étages, en briques pour la plupart, avec des châteaux d'eau sur leur toit-terrasse. New York. Comme dans un film… Mais bien présent, avec ses odeurs de diesel, son brouhaha informe parfois écrasé par une sirène hurlante. C'est là, sur cette terrasse métallique aux escaliers typiques, le regard posé sur les châteaux d'eau, que l'atmosphère si particulière de cette ville m'a pénétrée. Le voyage est devenu halte, je ne suis plus spectatrice, je plonge, avide, à la rencontre des choses.

Je me sens remplie d'allégresse, à l'écoute de la vie alentour. Ce délicieux état de touriste heureuse se traduit par une balade piétonne jusqu'à Times Square. La pluie a cessé, la brume se dilue. Sur le chemin, un cappuccino tout crémeux dans un Starbucks, l'Empire State Building qui apparaît au loin, sublime, des gratte-ciel, des gratte-ciel, des gratte-ciel, puis les néons de Times Square, exagérés, démesurés, une débauche de lumières et de publicités ! Tout pour déplaire à l'astronome à tendance écolo que je suis et pourtant, je suis subjuguée. New York envoûtante ! Même mes valeurs les plus précieuses sont reléguées ailleurs, quelque part loin au fond de moi… New York est une sorcière !

New York m'épuise, le décalage horaire aussi, je rentre à l'hôtel… Sommeil agité, réveil à 4h. Impossible de me rendormir, New York m'appelle. À 6h, je n'y tiens plus, je sors. Bonheur d'arpenter la ville au petit matin ! Il fait nuit, la 8ème Ave somnole encore. Peu à peu, la cité s'éveille, quelques voitures, quelques personnes dans la rue. Les commerces lèvent leur rideau. L'air sent le diesel, comme hier. Là-bas, un Mac Do éclairé. Je repars avec le breakfast du pays : omelette sur toast, rösti, pancake, brioche, lait, beurre, sirop d'érable, méga café. J'emporte le tout à l'hôtel.

P'tit dej américain au lit, savouré beaucoup plus qu'une simple nourriture, café en terrasse - merveilleuse terrasse escalier métal noir graphique new-yorkais comme dans un film - les yeux remplis de gratte-ciel, de néons, repérant de nouvelles architectures, prenant mes repères... je suis déjà chez moi. Dans la cour, des gens parlent, des bribes de phrases me parviennent, incompréhensibles mais qu'importe, la musique est là. La musique d'une langue, d'une ville hors norme dont le gigantisme architectural, la verticalité, la lumière, les lumières, le brouhaha incessant, les odeurs, par la magie d'une alchimie étrange, se subliment et se propagent en ondes jubilatoires. J'aime cette ville, je m'y sens bien, je m'y sens comme chez moi, ou peut-être... un peu comme dans un film... et ça, ça m'épate.

Alors, je sors à nouveau pour vivre New York, pour fusionner avec elle pendant ces quelques jours, pour une magnifique parenthèse qui pulvérise mon quotidien.

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commentaires

M
On devine une petite fille qui n'en croit pas ses yeux, on reconnait une adulte qui confronte l'imaginaire qui l'habitait à la réalité qu'elle découvre!
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